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Martine Landry : accusée de délit de solidarité

Militante à Amnesty International, Martine Landry risque cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour avoir aidé deux migrants étrangers à franchir la frontière franco italienne en juillet dernier. Portrait de celle qui incarne le « délit de solidarité ».

« Je suis très contente d’avoir fait ça parce que j’ai fait appliquer la loi, je suis ravie et prête à recommencer ». Ce sont les mots de Martine Landry qui, du haut de ses 73 ans, cheveux blancs sur la tête et petites lunettes sur le nez, s’est retrouvée au cœur de l’actualité pour avoir fait entrer illégalement deux mineurs étrangers sur le territoire français.

Responsable d’Amnesty International et membre de l’association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), c’est le 28 juillet 2017 que la retraitée aide deux jeunes guinéens en situation irrégulière à atteindre la ville de Menton et se retrouve convoquée par la justice. Elle se rend alors au tribunal muni d’un dossier rempli de plus de 2000 messages de soutien. Après une longue année de procédures, Martine Landry est relaxée le 14 juillet par le tribunal correctionnel de Nice qui souligne « son action fraternelle réalisée dans un but humanitaire ». Mais, là encore, les choses se compliquent pour elle. Le procureur général d’Aix en Provences décide de faire appel le 24 juillet dernier, un retournement de situation difficile à encaisser pour la concernée : « Je pensais pouvoir recommencer à vivre normalement, sans épée de Damoclès au-dessus de ma tête… Je reste toutefois déterminée. ». Pour Amnesty International, cette décision est surprenante : « Le parquet est garant de l’intérêt public… Il est assez étonnant que la protection de ce même intérêt public exige une condamnation dix jours après la relaxe obtenue. »

Le Conseil constitutionnel avait pourtant déclaré constitutionnel le principe de fraternité le 6 juillet dernier signifiant ainsi que les personnes venant en aide de manière désintéressée aux migrants ne peuvent plus être poursuivies. La retraitée elle-même expliquait dans une interview accordée à LCI qu’elle n’avait cherchée qu’à « défendre les droits fondamentaux de tous les humains ». Son avocate Mireille Damiano demande la relaxe définitive de sa cliente qui, au vu de la loi, n’aurait commis aucune infraction : « Martine Landry a accueilli ces jeunes une fois qu'ils avaient franchi la frontière, mais ne les a pas accompagnés d'Italie jusqu'en France. Elle se trouvait derrière le panneau “France” ».

Cette poursuite intervient dans un contexte de répression migratoire importante. Rien que pour l’année 2017, près de 50 000 étrangers en situation irrégulière ont été interpellés dans les Alpes-Maritimes. La septuagénaire n’est ainsi pas la seule dans ce cas. En août dernier, l’agriculteur Cédric Herrou avait écopé de quatre mois de prison avec sursis pour « aide à l’entrée et à la circulation d’étrangers en situation irrégulière ».

Affaire donc à suivre…

Pour retrouver toute l’actualité de Martine Landry, n’hésitez pas à consulter son compte Twitter (@martinelandry1) ou le site d’Amnesty International.